« Difficultés scolaires de l'ado: dans le système français, l’ado doit apprendre au moment où il veut SE comprendre. » G. Scharmann*
1er défi : Sans démagogie aucune, les pédopsychiatres remarquent qu’à la période où l’ado est le plus accaparé par ses changements psychiques et physiques, le scolaire lui réclame d'être encore plus disponible à l'apprentissage (fin de collège-lycée). Il y a clairement un décalage entre l’exigence du système et le développement physique et cognitif de l’enfant.
Certains psychanalystes -Wilfred Bion- se sont intéressés à l'apprentissage et ont démontré qu'il était le résultat d'une position psychique que l’enfant adolescent peine à maintenir : cette capacité à digérer l'information pour qu'elle soit mémorisée (refoulée). Or l'adolescent doit déjà assimiler nombres informations en provenance de son monde interne, de ses pairs et juste à ce moment-là l’école en apporte plus encore.
Bref, le moment est mal choisi au niveau cognitif. Et même si c’est le même problème pour tous, cela accentue les difficultés d’assimilation si l’ado est plus sensible ou s’il a aussi des problèmes extérieurs à l’école en sus. Quand l'adolescent ne peut plus apprendre, il présente l'équivalent d'une "indigestion psychique".
Ses besoins doivent alors être entendus avant qu'il ne se dégoûte de tout apprentissage et surtout de lui-même. Parce que c’est bien plus souvent une question de rythme que de «capacités ».
Face à l'échec, l’ado (comme nous d’ailleurs !) opte le plus souvent pour l'évitement -par réflexe d’autoprotection. L'absentéisme scolaire peut prendre la forme de quelques «séchages» de cours ou d’un «décrochage» complet. La personne se soustrait à ses responsabilités puisqu'il ne peut plus y faire face. Tout au moins seul…
2nd défi : Le jeune n'est pas à ce moment-là lui-même disponible et en demande d'apprendre. Il est à la recherche de ce qui pourrait l'aider à définir, accepter puis utiliser les perceptions anarchiques qu'il a de son corps et de ses pensées. La recherche de lui-même.
Et 3e défi : c’est à l’école qu’on se compare, se fait accepter ou non, se confronte aux copains et qu’on apprend les codes sociétaux depuis la maternelle…mais là c’est au moment où justement on se trouve différent, laid, bête, pas assez ci ou trop ça etc… Et ajoutée à la maladresse du jeune âge, l’ambiance est tendue…
Sans aide à cette période précise, certains ados, selon leur personnalité, vont se perdre en eux-mêmes, jusqu'à en "oublier" l'école. www.cabinetjustehumain.com
* «Une chute des résultats scolaires peut être l’élément déclencheur de la fuite de l’adolescent, fuite toujours révélatrice d’une carence narcissique bien noyée dans l’usine scolaire. Certaines classes semblent être plus propices à l’expression de ce phénomène : la quatrième et la seconde, classes de plus grande exigence scolaire, quantitativement et qualitativement (abstraction, symbolisation). Se conjuguent alors à l’effraction pubertaire un accroissement du travail à fournir et de la difficulté intellectuelle ; des résultats moins bons peuvent, dès lors, être ressentis très douloureusement, voire comme une déchéance, chez certains adolescents. En particulier si leur scolarité fut facile jusque-là, ou selon la représentation de l’école dans le mythe familial.» G. Scharmann -Rejets d’école à l’adolescence Page 81 © Érès |